Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/94

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à cause de la grâce de Dieu, et de l’amour de la vertu, L’homme fervent et zélé est prêt à tout.

Il est plus pénible de résister aux vices et aux passions que de supporter les fatigues du corps.

Celui qui n’évite pas les petites fautes tombera peu à peu dans les grandes[1].

Vous vous réjouirez toujours le soir, quand vous aurez employé le jour avec fruit.

Veillez sur vous, excitez-vous, avertissez-vous ; et quoi qu’il en soit des autres, ne vous négligez pas vous-même.

Vous ne ferez de progrès qu’autant que vous vous ferez de violence.

RÉFLEXION.

Êtes-vous sincèrement résolu à vous sauver ? en avez-vous la volonté ferme ? Alors préparez-vous au travail, au combat ; car le salut est à ce prix : La voie qui conduit à la perte est large : mais qu’étroite, dit l’Évangile, est celle qui conduit à la vie[2] ! Sans doute l’onction de la grâce adoucit, pour le fidèle, ce travail, ce combat ; au milieu des fatigues et des souffrances, il jouit d’une paix céleste que le pécheur ne connaît point. Cependant il a besoin de continuels efforts pour triompher de lui-même, pour vaincre ses désirs, ses passions, et le monde, et le prince de ce monde[3]. Qui a fait les Saints, sinon cette lutte courageuse et persévérante ? Les uns ont été tourmentés, ne voulant pas racheter leur vie, afin d’en trouver une meilleure dans la résurrection. Les autres ont souffert les moqueries, les fouets, les chaînes et les prisons ; ils ont été lapidés, sciés, éprouvés en toute manière ; ils sont morts par le tranchant du glaive ; vagabonds, couverts de peaux de brebis et de peaux de chèvres, oppressés par le besoin, l’affliction, l’angoisse, ils ont erré dans les déserts, et dans les montagnes et dans les antres, et dans les cavernes de la terre ; eux dont le monde n’était pas digne. Enveloppés donc d’une si grande nuée de témoins, dégageons-nous de tout ce qui nous appesantit, et du péché qui nous environne, et courons par la patience au combat qui nous est proposé, les regards fixés sur Jésus, l’auteur et le consommateur de la foi, qui, en vue de la joie qui lui était préparée, a souffert la croix, en méprisant l’ignominie ; et maintenant il est assis à la droite du trône de Dieu[4].

  1. Eccli. xix, 1.
  2. Matth. vii, 13, 14.
  3. Joann. xiv, 30.
  4. Heb. xi, 35-38 ; xii, 1, 2.