Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/107

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des ordres pour faire les recherches les plus minutieuses : la garnison fut mise sur pied ; on cerna la ville ; Mmes Le Gris et de Kerigant n’avaient pas eu le temps d’en sortir.

La police trouva leur premier refuge assez promptement et les vêtements laissés par les fugitives ; mais il fallut plus de temps pour chercher le second. Il fut aussi découvert pourtant ; toutefois, ce fut après le départ de ces Dames.

Enfin, elles purent sortir de Rennes, le troisième jour seulement après leur évasion, de grand matin, au mois de décembre 1798. Elles faillirent échouer au moment de la délivrance, par suite d’une imprudence de ma mère, qui, passant devant une boutique de jouets d’enfants dans laquelle on voyait de la lumière, s’y arrêta pour acheter une toupie organisée à l’intention de mon frère aîné. Les choses doublent souvent de prix en raison du souvenir qui s’y trouve attaché ; on m’excusera donc si je dis que cette toupie a fait mes délices dans mon enfance, et d’exprimer le regret de ne pouvoir la transmettre à mes petits-enfants.

Ce retard, si court qu’il fût, faillit coûter cher aux fugitives. La police était sur leurs traces, elles n’eurent que le temps de gagner la barque dans