Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

officier mis en disponibilité en 1830, que l’abnégation la plus absolue est souvent un encouragement pour l’intrigue et la pousse, à l’occasion, à méconnaître les services les mieux établis.

À l’époque de la publication des Guerres de l’Ouest, mon père et ma mère étaient morts depuis longtemps, presque dans le malaise. Par discrétion, par inexpérience, peut-être, je ne voulus pas alors démentir une foule d’assertions dont je savais cependant l’inexactitude.

Toutefois, quelques années plus tard, des relations de famille m’appelèrent dans le pays de Dinan, où, dans mon enfance, j’avais connu plusieurs chefs de cantons de mon père, Le Saicherre, Fœnel, Rolland, dit Justice, Lamandé, etc. La plupart de ces vieux serviteurs désintéressés de la royauté avaient disparu ; cependant, le plus intelligent, le plus énergique d’entre eux vivait encore. Je vis Olivier Rolland, dit Justice. Il me prouva immédiatement, en m’embrassant cordialement, que j’avais en face de moi un ancien compagnon de mon père. Lorsque je lui parlai de la division de Dinan, sur laquelle il s’étendit longuement, il n’hésita pas un moment à me dire que non-seulement mon père l’avait commandée, sans conteste, mais encore organisée au prix des plus grands sacrifices.