Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/15

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En effet, après les spoliations générales, la guerre civile et les massacres de milliers de Français, au nom de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, il était essentiel, pour les coupables, devenus maîtres absolus de la société, d’effacer, autant que possible, les traces de leurs crimes. Aussi, tant que durèrent la Révolution et le premier Empire, qui en était l’émanation, il fut soigneusement interdit aux écrivains de faire connaître la vérité, et surtout aux victimes d’élever la voix pour se plaindre et défendre leur honneur odieusement outragé. On ne guillotinait plus ; mais on essayait de justifier, crime non moins ignoble, les plus abominables forfaits.

Tout en portant un jugement sévère sur ces infâmes machinations, qui, malgré tous les efforts, n’ont pu et ne pourront jamais échapper à l’équité de l’histoire, j’ai toujours eu l’intention, et je crois y avoir réussi, de ne me livrer à aucune récrimination.

Mais s’il est juste, s’il est raisonnable d’être modéré, il ne faut pas non plus être faible : ce serait de la lâcheté. J’ai donc essayé, en regrettant mon insuffisance, de réparer l’injustice commise à l’égard des hommes héroïques qui, aux dépens de positions sociales importantes, de leur fortune et de leur vie,