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une lettre de lui, adressée à cette époque à la femme d’un honorable négociant de Saint-Brieuc, Mme Jouannin, née Robinot de La Lande, très connue de ma famille avant son mariage, alors que son père, armateur au Légué, jouissait d’une fortune considérable. L’extrait suivant de cette lettre établit parfaitement la situation faite à mon père :


« Kerigant, le 26 avril 1815.

  » Madame et amie,

» Je vous prie de vouloir bien m’envoyer une aune un quart de drap gris pour faire une veste, un gilet et un pantalon. Le temps et les circonstances pressent. Je suis poursuivi par les gendarmes, je ne sais pourquoi. Il paraît qu’on m’en veut plus qu’à tout autre, etc., etc. »


Pendant que j’étais en pension à Trébinot, au milieu d’une famille excellente, la famille Leroux, dont j’ai conservé le meilleur souvenir, il m’arriva une aventure se rattachant parfaitement à mon récit et prouvant une fois de plus la violence constante des révolutionnaires.

Le fait que je vais raconter se passa peu de temps après l’envoi de la lettre précitée, car mon père était vêtu de ce drap demandé à Mme Jouannin.

Si l’attaque contre les royalistes était commencée,