Page:Kierkegaard - En quoi l’homme de génie diffère-t-il de l’apôtre?.djvu/29

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dialectique du génie est une pierre d’achoppement, de nos jours surtout, où la foule, le public, ou un être abstrait analogue, tendent à tout bouleverser. Un très-honoré public, la foule autoritaire demandent que l’homme de génie mette en évidence qu’il existe pour eux ; ils n’envisagent la dialectique du génie que d’un seul point de vue ; se heurtant à la fierté, ils n’en voient point l’humilité ni la modestie. De même le très-honoré public et la foule autoritaire se scandaliseront de l’existence de l’apôtre. Bien que la mission de celui-ci soit exclusivement à l’intention des autres hommes, ce n’est pourtant ni la foule, ni les hommes ou le très-honoré public, pas même le très-honoré et très-éclairé public, qui est son maître ou ses maîtres. — Son maître c’est — Dieu, et de par son autorité divine l’apôtre commande et à la foule et au public. Le contentement de soi, humoristique, de l’homme de génie provient de la modestie résignée et la conscience de se savoir supérieur à tous les autres hommes, étant à la fois un objet de luxe et un ornement précieux. L’homme de génie artiste, produit son chef-d’œuvre, sans que pourtant ni lui ni son œuvre n’aient leur τέλος en dehors d’eux-mêmes. Ou bien, s’il est auteur, il supprime tout rapport téléologique avec ses entours et se pose en humoriste comme poète lyrique. À coup sûr, le lyrique n’a point de τέλος en dehors de lui, et, que le poète écrive