Page:Kindt - Impressions d une femme au salon de 1859.djvu/128

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M. Jeanron eut beau dire, M. Bonte-Pollet ne voulut rien entendre. Il était exaspéré, il ne pouvait digérer le Trouillon. Enfin, pour le calmer, M. Jeanron lui promit de lui faire donner encore un tableau par le ministre, puis il l’obligea à inviter M. Troyon à dîner pour le soir même. M. Bonte-Pollet trouva M. Troyon un homme très-intelligent, mais lappela toujours Trouillon, et ne pardonna pas à M. Jeanron d’avoir choisi son tableau. M. Jeanron lui en fit avoir un autre pour le consoler, et le tableau de Trouilion passa par-dessus le marché.

Dernièrement, M. Bonte-Pollet vient à Paris, et arrive chez M. Jeanron. Il lui parle de Lille, du musée de Lille ; il lui rappelle les services rendus par lui à ce musée, les tableaux qu’il lui a fait avoir, notamment en 1849, et il s’écrie :

— Sais-tu pour combien tu nous en as fichu alors ?

— Non ; pour combien ?

— Eh bien, tu nous en as fichu pour quarante mille francs.

— Comment ! pour quarante mille francs ?

— Mais certainement ; tu nous as fichu tout simplement le plus beau tableau des temps mo-