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et de la dernière mode en écoutant le rossignol que de se livrer à ces dangereuses rêveries.

Voilà une peinture franche, saine, robuste comme la nature, vraie comme la lumière ; ce sont les paysages de Théodore Rousseau. Vous pouvez les regarder, ceux-là, sans être induit en tentation. Voilà qui est vigoureux, élégant et sincère ; voilà ce que j’appelle la poésie de l’effet, voilà un peintre qui aime la nature et qui sait lire dans sa physionomie ; voilà un poëte qui sait comprendre les sourires du ciel, les passions des arbres, la mélancolie de la terre, les palpitations de la rivière ; voilà un artiste qui, avec toute la sincérité de son cœur, avec toute la naïveté poétique de son talent, sait voir la nature, l’exprimer comme il la voit, et nous en faire connaître le caractère par l’aspect saisissant, irrésistible, touchant de son tableau ; Rousseau est le Ruysdael de la forêt de Fontainebleau.

Fontainebleau a ses peintres et ses poëtes.

M. Hartville vient de faire paraître chez Tinterlin un poëme intitulé Fontainebleau, et dont l’idée est aussi neuve que la poésie en est correcte et ingénieuse. Le Sylvain Denécourt ; à qui la forêt et les artistes doivent tant, est le héros de ce poëme charmant qui aurait dû être illustré