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La Madeleine repentie de M. Baudry est une étude de femme couchée, une étude d’après un modèle et non la réalisation du type rêvé et cherché par les artistes ; la composition en est banale, l’expression vulgaire, la coloration terreuse.

Dans cette femme couchée, je reconnais la pécheresse, mais je ne vois nullement la sainte repentie. Madeleine pleurant d’ailleurs, ce n’est pas une pécheresse ordinaire, elle pleure plus que ses fautes. Madeleine à qui on a tant pardonné, parce qu’elle a tant aimé, est, pour ainsi dire, la personnification du repentir humain. Elle pleure les fautes du monde ; elle pleure tous les péchés des hommes, que Jésus-Christ innocent a expiés sur la croix. Ce n’est point cette sublime repentie que nous montre M. Baudry. C’est une jolie lorette, qui a quelque léger chagrin d’amour, et qui ne demande qu’à pécher encore. M. Baudry, qui connaît les maîtres italiens, ne se souvient-il pas du tendre poëme où le Corrége nous montre la sainte amoureuse et son adorable repentir, où il nous la montre toujours aimante, purifiée par ses larmes. La pécheresse n’existe plus, nous ne voyons que la bienheureuse, dont l’âme a quitté la terre, transfigurée par son céleste amour.

La Toilette de Vénus est un tableau qui ne