Page:Kindt - Pour se damner.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un jour, Pierre, pris d’une folle envie d’embrasser sa maîtresse, et oubliant le sage précepte qui enjoint aux amants et aux maris de ne jamais arriver à l’improviste chez une femme, fût-elle mille fois la leur, entra dans l’appartement d’Angèle, et la trouva, en train de faire la dînette, avec un joli monsieur dont les moustaches rousses étaient relevées d’un air vainqueur.

Assis très près de la maîtresse du logis, le jeune homme, au lieu de manger honnêtement le foie gras qui était sur la table, mordillait les roses nichées dans le corsage de la dame.

Pierre, fort pâle, étendit le bras et voulut parler, mais, ses jambes se dérobant sous lui, il alla tomber sur une chaise en faisant entendre de sourdes exclamations.

Comme rien n’est plus désagréable que d’être surpris en flagrant délit d’amour par un tiers intéressé dans la question, les deux mangeurs de fleurs restèrent un moment fort penauds ; mais Angèle, en sa