Page:Kindt - Pour se damner.djvu/127

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de notre monde, nous rendons les hommes présomptueux et insupportables ; nous acceptons leur langage impossible et leurs manières de palefrenier, nous consentons à leur tendresse d’un jour ; et lorsqu’ils nous abandonnent, nous n’osons pleurer, de crainte de les faire rire.

Eh bien ! il est grand temps que toutes ces platitudes aient un terme, et pour cela, il faut nous mettre en grève ; comme le faisait la duchesse du Maine à la cour de Sceaux, nous allons restaurer l’Astrée, jeter les devis d’amour de l’ordre de la Mouche à Miel.

Nous voulons des sentiments, les hommages de la passion élevée ; on s’agenouillera à nos pieds, on pleurera de vraies larmes, et nous résisterons haut et fort. En plein dix-neuvième siècle, nous établirons une secte platonique dont les temps futurs parleront ; nous sauverons la France de l’envahissement des galants barbares ; et au petit dieu, qui vole libre et nu couronné de fleurs, nous substituerons la grave figure de la chasteté drapée et couverte de voiles.