Page:Kindt - Pour se damner.djvu/160

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incarnats ; les poiriers, tout blancs, montrent leurs pyramides d’argent d’un ton dur ; les branches, ployantes sous la sève, trempent dans les prés ; pas une feuille ne se risque au milieu de ces tons clairs. Dans ce concert d’une flore de tendresse infinie, l’aubépine jette une note violente d’étamines pourprées ; le muguet, caché sous les ronces, laisse deviner son parfum printanier ; tout ce vert se fond avec le bleu du ciel : c’est une couleur opaline et ombreuse se dessinant doucement sur le velours des gazons, caressant le tronc noir des chênes.

L’âme s’illumine, l’hymne éclate ; on dirait que les prés, les bois, les fleurs, les nids, envoient des cantiques à quelque chose de suprême qui flotte partout.


Nous voilà donc en mai ; après la fatale date du 16, l’administration est renouvelée de fond en comble ; les préfets barbus sont remplacés par des messieurs à favoris cor-