Page:Kindt - Pour se damner.djvu/173

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que ce chien, vomi par le sabbat, mettait entre nous un obstacle insurmontable. Un jour, je le lui dis franchement ; elle pleura avec force, me jura éloquemment que le lendemain de notre mariage le chien disparaîtrait, et je m’efforçai de chasser de mon cœur les noirs nuages qui l’obscurcissaient.

Le grand jour arriva ; dans l’excès de mon bonheur, j’oubliai tout ce qui n’était pas l’adorable créature à laquelle je devais consacrer mon existence.

Jenny m’avait paru très agitée pendant le dîner, mais j’étais si troublé moi-même que j’excusais son air inquiet et ses fréquents chuchotements avec sa mère ; seulement le sourire des gens qui m’entouraient me frappa ; par instants, je distinguais dans ce sourire de la pitié et un peu d’ironie ; mais, comme il est dans nos usages d’adresser aux jeunes mariés des sous-entendus d’un goût déplorable, je n’y pensai plus, et me livrai aux riantes idées que m’envoyait le joli dieu d’amour éclairé par les flambeaux de l’hymen.