Page:Kindt - Pour se damner.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rire de bacchante sur les lèvres purpurines d’une vierge de Murillo, de petits pieds qui eussent chaussé les pantoufles de la marquise de Musset, un corps serpentin et souple se ployant en lignes onduleuses sous l’étoffe ; et avec tout cela des gestes mignons et câlins, une physionomie parlante, des colères exquises quand on ne saisissait pas sa pensée tout de suite, une mimique adorable, des yeux bavardant tant et tant… enfin une gamine charmante et pure qui devait inquiéter le diable, toujours pressé d’entraîner à mal les anges du bon Dieu !

Son tuteur l’avait mise au couvent, et elle n’avait d’autre distraction, la pauvre muette, que les visites d’un vieux banquier, ancien associé de son père. M. Marcel aimait beaucoup la petite orpheline, et chaque jour il lui apportait des friandises ; aussi chérissait-elle son vieil ami, et attendait-elle ses visites avec joie.

Un jour, elle se présenta au parloir toute sanglotante, les traits bouleversés, sa pélerine de travers.