Page:Kindt - Pour se damner.djvu/26

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de cuivre ; je m’arrêtai étonné, puis je poussai le bouton de toute ma force.

Le panneau du fond glissa comme sur des roulettes, et je me trouvai dans un adorable réduit coquettement disposé.

Un divan, des chaises de satin Louis XV, des tentures de damas, et, accrochés à la muraille, deux pastels un peu passés de ton, d’une finesse exquise.

D’abord une tête de jeune femme, brune, avec des yeux bleus, d’un bleu d’outre-mer ineffable et troublant ; le sourire un peu égrillard laissait voir les dents de perles, et les épaules nues, potelées, à fossettes, se cachaient sous une écharpe de gaze ne dérobant pas grand’chose.

Je reconnus, ou plutôt je devinai ma grand’mère à vingt ans.

L’autre portrait était celui d’un beau jeune homme à fières moustaches, à l’œil doux, un peu voilé.

Soudain, j’entendis parler tout contre moi ; on donnait un ordre à un domestique, la voix semblait sortir de la tenture. Je la soulevai, il n’y avait rien.