Page:Kindt - Pour se damner.djvu/40

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à côte, heureuses de se sentir libres dans cette campagne verte ; elles sautaient, bondissaient sans crainte des cailloux et des branches ; elles se trouvaient si fières d’emprisonner délicatement les tendres pieds qui, eux aussi, semblaient des pétales de rose !

Et le bonheur, un bonheur envié par les anges et par les hommes, planait sur ces deux têtes d’amoureux ; ils se pendaient l’un à l’autre avec des appellations passionnées, se regardant dans les yeux avec extase ; et tout cela finissait par des baisers, des baisers toujours, un chapelet d’ivresses égrenées sans fin ; les caresses succédaient aux caresses, comme si ces affamés d’amour eussent eu à se dépêcher de s’aimer en prévision d’un malheur prévu.

Parfois, à l’approche d’une voiture, à l’arrivée d’un passant, ils pâlissaient, se serraient l’un contre l’autre, se reprenant d’une étreinte plus folle, presque douloureuse ; puis ils riaient, tout émus, et se regardaient longtemps, des larmes plein les yeux.