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Ventes de la rue Drouot, en visitant les objets d’art, les tableaux de maître, les riches épaves des cocottes tombées, les ustensiles des pauvres arrivés à l’extrémité dernière, on découvrait un sombre coin où l’on avait jeté une paire de bottes froissées et meurtries.

Elles se tenaient serrées l’une contre l’autre, honteuses et tristes. Couvertes de poussière, les jolis talons presque déformés, elles gisaient là, toutes mignonnes, dans ce lamentable cimetière d’objets sans nom, de loques dépareillées, de friperies bizarres ! elles n’attendaient plus rien du sort. Quel pied eût pu s’y glisser ?

Si le marquis de L… fût entré dans cette salle, peut-être eût-il reconnu la chaussure de conte de fée ; mais il est sombre et sévère, et ne va plus aux ventes depuis qu’il dit partout que sa femme est malade, en Italie.

Vous vous souvenez de la marquise, n’est-ce pas ? L’an dernier, tout Paris lui faisait la cour, et le chroniqueur mondain d’un grand journal parlait chaque jour de