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L’AME DES SAISONS


Très douce et par ton souffle intime modulée,
Sur tes pensers et sur tes actes déroulée,
Noyant cris et sanglots en l’hosanna du chœur,
Huile sur la tempête et baume sur la plaie
Et rangeant toute chose à sa place en ton cœur.
 
Ainsi tu marcheras dans la paix de ton cœur,
Et ta bouche n’aura que de bonnes paroles,
Ton front sera riant et tes yeux bénévoles,
Et tes mains ne feront pas mal aux malheureux,
Aux malades qui n’ont pas de musique en eux…
 
Certainement la vie a de rudes étreintes,
Elle a certainement de cruelles étreintes,
Et te fera frémir d’angoisse et grelotter…
Heureux pourtant qui de son cœur, au lieu de plaintes,
Sent une évangélique musique monter !

Que si l’impétueuse allégresse claironne,
Trop bruyamment et trop étourdiment claironne,
Il faut aussi, rétablissant l’ordre voulu,
Qu’une grave musique en sourdine bourdonne
La souveraineté calme de l’Absolu.