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Page:Kinon - L’Âme des saisons, 1909.djvu/140

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L'AME DES SAISONS


L’amour soulève mes plaines.
Je suis ivre, ô mes lilas !
Haut mes chênes, haut mes frênes,
Haut mes bras, mes mille bras !
Voici qu’en moi houle et gronde,
Comme des orgues profondes,
Ce rythme divin du monde
Qui prie et ne comprend pas...

J’ai dressé ma haute taille
Aux hannonieux frissons,
Gonflé mon flanc qui tressaille
De nids et de floraisons,
Et dans la mer qui murmure
Selon une ligne pure
Déroulé ma chevelure
De forêts et de moissons !

Me voici ! C’est moi, la Terre,
Sombre et claire tour à tour,
Le front chargé de mystère
Et le cœur gonflé d’amour,
Toujours jeune, quoique vieille,
Qui parfois longtemps sommeille,
Mais qui soudain se réveille
Belle comme au premier jour !