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LE VENT ET LES FEUILLES MORTES


Les gazons furent blancs de rosée au matin,
Les fronts furent joyeux au sortir de la messe,
Les cœurs communies simples comme des fleurs,
Et la petite ville eut de douces rumeurs...

Puis ce fut une fête exquise, une allégresse
De jardins, d’azur tiède et de bonnes odeurs,
Et mille cloches carillonnant sur la ville
Dimanche et gai dîner pour toute la famille !

Mais, surtout, j’ai gardé souvenir d’un salut
Où mon cœur frissonna comme une colombe ivre,
Ah ! surtout, j’ai gardé souvenir d’un salut
Où je fus visité par le Seigneur Jésus.

Sur un vitrail de neige aurorale et de givre
Les hauts cierges vibraient comme des guêpes d’or,
L’orgue épandait un grêle ruisselet de flûtes,
Et l’encens bleuissait en soudaines volutes.

Alors, ayant pleuré, j’eus le front fier ; alors
Je jurai, d’un grand cri de mon âme ravie,
De dédier au Christ étincelant ma vie
Comme une épée et comme un bouclier d’airain !