Page:Kinon - L’Âme des saisons, 1909.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252
L'AME DES SAISONS

En brandissant parmi le fauve clair-obscur
Un tube de métal brillant et un fémur...
 
Tu fuis, à bonds fiévreux. Une cloche résonne
Dans tes tempes. Le vent siffle. Le ciel frissonne
De rayons glacials d’un éclat vénéneux.
L’horizon est cintré de feux roses et bleus
Oui brûlent dans la nuit funèbre et resplendissent.
Tu cours, ne songeant plus. Tu vois, aux glaciers lisses,
D’énormes lingots d’or et des caillots de sang.
Tu bondis à travers le froid phosphorescent,
Sur la neige, pareille à des roses foulées,
Parmi des lacs lilas et de claires coulées
De safran, et tu vois d’innombrables renards,
Bleus, argentés, la queue en panache, hagards,
Grotesques, grimaçants, sautiller pêle-mêle
Aux clartés de l’aurore étrange et solennelle,
Jouer à la main-chaude et à saute-mouton,
Se disputer des cuirs, des patins, des boutons,
Traîner qui un sextant et qui un thermomètre,
Et dans un fou sabbat, diabolique peut-être,
Ainsi que des jonchets entrechoquer les os
Et ronger en hurlant les crânes des héros !...