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L'AME DES SAISONS


Pour expirer parmi les frissons du taillis
En un mystérieux et frêle gazouillis.
Alors, — vous souvient-il ? — une métamorphose
Imprima son cachet céleste à toute chose,
Rendant l’herbe plus verte et les parfums plus doux
Et la nature belle à tomber à genoux !
La fleur fut un cantique et l’arbre une prière ;
Le paysage entier trembla dans la lumière ;
La Terre tressaillit et, dans le grand ciel bleu,
Plus visible apparut le sourire de Dieu...
 
Et dans vos yeux, remplis de la douceur des choses,
Je lus l’émotion langoureuse des roses,
L’ivresse des oiseaux et le bonheur confus
De l’herbe ensoleillée et des chênes touffus,
Et tout le magnifique et pénétrant mystère
De la bonté divine éparse sur la Terre.
Et vous fûtes rêveuse et grave un long moment,
Et vous avez baissé la tête doucement...

Oh ! vous me demandiez des vers, Mademoiselle,
Et vous ne songiez pas que la voix solennelle
De la Terre rythmait des accents glorieux
A faire honte aux vers les plus mélodieux,