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Page:Kinon - L’An mille, 1911.djvu/139

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ACTE IV


L’Orgie


Avant le lever du rideau, rumeur confuse où se fondent les bruits d’une tempête et ceux d’un festin : mugissement du vent, crépitement de la grêle, sons de flûtes et d’instruments à cordes, éclats de rire, verres choqués.

Au lever du rideau, l’orgie bat son plein. La scène représente une salle circulaire, dans la partie supérieure du grand donjon, battu par la tempête. La nudité des murs, aux grosses pierres rugueuses, est dissimulée çà et là par des trophées de guerre et de chasse : épieux, piques, dagues, épées, cornes d’aurochs, hures de sangliers, dépouilles d’ours et de loups. Vers la gauche, au fond, unique fenêtre romane. Deux petites portes de fer : l’une à droite, au fond ; l’autre à gauche, au premier plan.

Vers la droite, Nor et ses vassaux sont attablés. Plus au fond, sur un banc spécial, les musiciens.

C’est la nuit. La salle est éclairée par un grand nombre de flambeaux disposés çà et là. Au dehors, l’ouragan mugit. Les coups de vent se succèdent ; la pluie claque contre les vitres ; par intervalles, on entend grincer les girouettes.

Le repas est fini. Des serviteurs emportent les reliefs et la vaisselle, mais les convives continuent à boire. Les échansons circulent et remplissent les coupes. Animation bruyante. Seul Nor, assis dans sa haute cathèdre, demeure sombre et silencieux. Debout, au milieu de la salle, et la coupe à la main, Sweno chante la chanson des loups d’Ardenne.