Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/152

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une attaque de front immédiate… infanterie, cavalerie et artillerie… et tout cela pour rien, vu que je n’avais pas de moyens de transport pour emmener la machine. « Je ne discuterai pas aujourd’hui avec vous, que je dis, mais subséquemment, mossieu Dearsley, mon joli faiseur de loteries, nous en reparlerons tout au long. Ce n’est pas de bonne morale que de frustrer des négros de leurs émoluments gagnés à la sueur de leur front, et à ce que je viens d’apprendre (c’était l’homme du chariot qui me l’avait raconté) vous avez perpétré cette malversation depuis neuf mois. Mais je suis un homme juste, que je dis, et sans tenir compte de la présomption que ce canapé là-bas avec son dessus doré ne vous est pas venu par des moyens honnêtes (là-dessus il devint vert-de-ciel, aussi je compris que les choses étaient plus vraies qu’il ne pouvait l’avouer), je consens à fermer les yeux sur votre crime, moyennant votre gain de ce mois-ci.

— Ah ! Ho ! firent Learoyd et Ortheris.

— Ce Dearsley se précipite au-devant de son destin, reprit Mulvaney, hochant gravement la tête. Ce coup-là, l’enfer entier ne lui fournit pas de nom assez mauvais pour moi. Parole, et il m’a appelé voleur ! Moi ! moi qui lui épargnais la honte de persévérer dans ses mauvaises voies sans même une remontrance… et chez un homme de conscience une remontrance peut changer l’allure de sa vie. « Quoi que vous soyez, mossieu Dearsley, que je dis, ce n’est pas à moi de discuter, mais de ma main je