Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/179

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sible ? que je dis. Voyons, tu peux bien me payer mon billet de chemin de fer. Je suis loin de chez moi et je t’ai rendu service. » Les gars, c’est un bon métier que d’être prêtre. Le vieux type n’eut pas besoin d’aller chercher de l’argent à la banque. Comme je vous le prouverai subséquemment, il farfouilla dans les plis de ses vêtements et se mit à faire pleuvoir dans ma main des billets de dix roupies, des mohurs d’or anciens, et des roupies tant et si bien qu’elle ne pouvait plus les contenir.

— Tu mens ! dit Ortheris. Tu es fou ou bien tu as attrapé un coup de soleil. Un indigène ne donne jamais d’argent monnayé à moins qu’on ne le lui arrache. Ce n’est pas vrai.

— Alors mon mensonge et mon coup de soleil sont cachés sous cette motte de gazon là-bas, répliqua Mulvaney, sans sourciller, avec un signe de tête vers la brousse. Va, Ortheris mon fils, il y a plus de choses dans la nature que tes petites jambes ne t’ont jamais permis d’en voir. Quatre cent trente-quatre roupies d’après mon calcul, et aussi un gros et gras collier d’or que je lui ai emprunté comme souvenir.

— Et il te l’a donné pour tes beaux yeux ? fit Ortheris.

— Nous étions seuls dans ce couloir. Peut-être ai-je été un rien trop pressant, mais considère ce que j’avais fait pour le bien du temple et la joie éternelle de ces femmes. C’était bon marché à ce compte-là. Si j’en avais trouvé davantage je l’aurais pris. Mais je retournai le vieux dans tous les