Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/234

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toqué de musique, et il me fit promettre, quand mon bras serait guéri, d’apprendre la contrebasse. Celle-ci lui appartenait, et elle se trouvait dans un gros étui contre l’horloge de campagne, mais Willie Satterthwaite, qui en jouait dans la chapelle, était devenu sourd comme un pot, et cela vexait Jesse, car il était obligé de lui taper sur la tête avec son archet de violon pour le faire râcler au bon moment.

« Mais il y eut dans tout cela un point noir, et ce fut un homme en habit noir qui l’introduisit. Quand le prédicateur méthodiste-primitif venait à Greenhow, il logeait toujours chez Jesse Roantrée, et il s’empara de moi dès le début. Il voyait en moi une âme à sauver, et il comptait y parvenir. En même temps j’étais jaloux de voir qu’il tenait à sauver aussi l’âme de Liza Roantrée, et il arrivait souvent que je l’aurais bien tué. Et cela continua ainsi jusqu’au jour où n’y tenant plus j’empruntai à Liza des sous pour aller boire. Je revins au bout de quelques jours, la queue entre les pattes, simplement pour revoir Liza. Mais Jesse était à la maison ainsi que le prédicateur — le révérend Amos Barraclough. Liza ne me dit rien, mais un peu de rouge lui monta au visage, qu’elle avait blanc en règle générale. Et Jesse de dire, tout en faisant de son mieux pour rester poli :

« — Non, mon gars, puisque c’est comme ça, je te laisse à choisir le chemin que tu vas prendre. Je ne veux pas que personne qui se met à boire franchisse le seuil de ma porte, ni qu’il emprunte de