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la plus belle histoire du monde

danse furieuse et désespérée, des péripéties d’une révolte contre la chiourme au commandement d’un navire à lui et enfin à l’établissement d’un royaume dans une île « quelque part sur la mer, vous savez », et, ravi de mes cinq misérables livres sterling, il était allé acheter des idées d’autres hommes, afin que ceux-ci lui apprissent à écrire. Il me restait la consolation de savoir que cette donnée était mienne par droit d’achat, et je pensais pouvoir en faire quelque chose.

Quand il revint me voir il était ivre — royalement ivre de maints poètes qui se révélaient à lui pour la première fois. Il avait les pupilles dilatées, il bousculait ses mots, et il se drapait dans les citations — comme un mendiant s’envelopperait dans la pourpre des empereurs. Par-dessus tous les autres, il était ivre de Longfellow.

— N’est-ce pas splendide ? N’est-ce pas superbe ? s’écriait-il, après un rapide bonjour. Écoutez ceci :