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la plus belle histoire du monde

— C’est tout ce que vous voudrez lorsque j’aurai fait le conte.

— Je voulais en être sûr. Il faut que je m’en aille maintenant. J’ai… j’ai un rendez-vous.

Et il me quitta.

Plus clairvoyant, j’aurais compris que ce murmure entrecoupé au-dessus du feu était le chant du cygne de Charlie Mears. Mais j’y voyais au contraire le prélude de plus amples révélations. Enfin !… enfin ! j’allais tricher les Maîtres de la Vie et de la Mort !

La première fois que Charlie revint, je le reçus avec transport. Il paraissait nerveux et embarrassé, mais il avait les yeux tout pleins de lumière et ses lèvres s’ouvraient à demi.

— J’ai fait un poème, dit-il.

Puis, très vite :

— C’est le meilleur que j’aie jamais fait. Lisez-le.

Il me le glissa dans la main et se retira du côté de la fenêtre.

Je gémis intérieurement. Il me faudrait une