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Page:Kipling - Contes Choisis, 1918.djvu/91

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un fait

Quand on en avait fini avec les récits, nous prenions les cartes jusqu’à ce qu’une main intéressante ou une remarque de hasard fit dire à l’un ou l’autre : « Cela me rappelle un homme qui — ou bien une affaire qui — » et les anecdotes continuaient, tandis que le Rathmines cahotait, vers le nord, à travers les eaux chaudes.

Un matin, après une nuit plus étouffante, nous étions tous trois assis juste devant la timonerie. Un vieux maître d’équipage suédois, que nous appelions « Frithiof le Danois », était à la barre et faisait semblant de ne pas entendre nos histoires. Une fois ou deux, Frithiof fit osciller la roue bizarrement, et Keller se souleva de sa chaise-longue pour lui demander :

— Qu’est-ce qu’il y a ? Est-ce que nous ne gouvernons pas bien ?

— Il y a quelque chose dans l’eau, que je ne peux pas comprendre, dit Frithiof. C’est à croire que nous descendons une côte ou quelque affaire comme ça. Le bateau n’obéit pas à la barre, ce matin.