Page:Kipling - Histoires comme ça pour les petits, trad Humières et Fabulet, 1903.djvu/103

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cailloux, de graines et de dents de requin qu’il portait au cou.

L’Étranger (un vrai Tewara) pensa : « Voici une très, très, très surprenante enfant. Car cette dent est enchantée et on m’a toujours dit que toute personne qui la toucherait sans ma permission devait sur-le-champ enfler puis éclater avec bruit. Mais cette enfant n’enfle ni n’éclate, et ce Chef important, l’Homme-qui-s’occupe-strictement-de-son-affaire, ne semble craindre pour elle rien de pareil. Je ferai bien d’être plus poli. »

C’est pourquoi il donna la dent de requin à Taffy ; et elle se mit à plat sur son petit estomac avec les jambes en l’air, comme quelqu’un que je connais sur le parquet du salon, pour dessiner des images, et elle dit :

— Maintenant, je vais vous faire de beaux dessins ! Je vous permets de regarder par-dessus mon épaule, mais pas de rire. D’abord, je vais faire P’pa quand il pêche. Ça ne lui ressemble pas beaucoup, mais M’man saura, parce que j’ai fait le harpon tout cassé. À présent, je vais dessiner l’autre harpon qu’il veut, celui qui a un manche noir. On dirait qu’il est planté dans le dos de P’pa, mais c’est parce que la dent a glissé et que ce morceau d’écorce n’est pas assez grand. Voilà le harpon qu’il faut rapporter ; alors je vais faire mon portrait, à moi, vous s’pliquant la chose. Mes