Page:Kipling - Histoires comme ça pour les petits, trad Humières et Fabulet, 1903.djvu/187

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sons et celui des insectes. Il comprenait ce que disent les rochers au profond de la terre, quand ils s’arcboutent les uns contre les autres en grondant, et il comprenait ce que disent les arbres, quand ils frissonnent au milieu du matin. Il comprenait toutes choses, depuis l’évêque dans sa chaire jusqu’à l’hysope dans la fente du mur, et Balkis, sa Reine préférée, la Très Adorable Balkis, était presque aussi sage que lui.

Suleiman-bin-Daoud était puissant. Au troisième doigt de sa main droite, il portait une bague. Lorsqu’il la tournait une fois, les Effrits et les Djinns sortaient de terre, prêts à faire tout ce qu’il commanderait, et quand il la tournait trois fois, l’Ange très redoutable Azraël, qui porte l’épée, venait, habillé en porteur d’eau, lui conter les nouvelles des trois mondes : En Haut, — En Bas, — et Ici.

Pourtant Suleiman-bin-Daoud n’avait pas d’orgueil. Il n’essayait pas souvent d’étonner les gens, et quand cela lui arrivait, il le regrettait ensuite.

Une fois, il voulut nourrir tous les Animaux du monde en un jour ; mais quand la nourriture fut préparée, un animal sortit de la mer profonde et avala tout en trois bouchées. Suleiman-bin-Daoud fut très surpris et dit :

— Ô Animal, qui es-tu ?