Page:Kipling - Histoires comme ça pour les petits, trad Humières et Fabulet, 1903.djvu/192

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Quelques-unes des femmes étaient gentilles, mais d’autres étaient simplement horribles, et les horribles se disputaient avec les gentilles et les rendaient horribles comme elles ; alors elles se disputaient toutes avec Suleiman-bin-Daoud, et c’était horrible pour lui aussi.

Mais Balkis la Très Adorable ne se disputait jamais avec Suleiman-bin-Daoud. Elle l’aimait trop bien. Elle restait assise dans ses chambres du Palais d’Or ou se promenait dans les jardins du Palais, et, pensant à lui, revenait triste.

Certes, s’il avait eu fantaisie de tourner sa bague à son doigt et d’évoquer les Djinns et les Effrits, il aurait magiquifié toutes ces neuf cent quatre-vingt-dix-neuf femmes en mules blanches du désert, en lévriers ou en pépins de grenade ; mais Suleiman-bin-Daoud craignait que cela eût l’air de vouloir étonner les gens, de sorte que, lorsqu’elles se disputaient trop, il se contentait de s’en aller seul, à l’écart, dans les beaux jardins du Palais et souhaitait n’être jamais né.

Un jour qu’elles s’étaient disputées pendant trois semaines — toutes les neuf cent quatre-vingt-dix-neuf ensemble — Suleiman-bin-Daoud sortit, selon sa coutume, pour chercher la paix et le silence — et, parmi les orangers, il trouva Balkis la Très Adorable grandement