Page:Kipling - Histoires comme ça pour les petits, trad Humières et Fabulet, 1903.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vilains noms, dit l’Éthiopien. Le fin de la chose, c’est que nous ne sommes pas assortis à nos fonds de tableau. Je vais suivre le conseil de Baviaan. Il m’a dit de changer ; et comme je n’ai rien sur moi que je puisse changer, excepté ma peau, je vais changer ça.

— En quelle couleur ? dit le Léopard, prodigieusement intéressé.

— Un petit brun foncé, garanti à l’usage, avec un peu de violet et du bleu ardoise aux bons endroits. Tout ce qu’il faut pour se cacher dans les creux et derrière les arbres.

Là-dessus, il changea de peau, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, et le Léopard devint plus intéressé que jamais, car il n’avait jamais vu un homme changer de peau auparavant.

— Et moi ? dit-il.

Quand l’Éthiopien eut introduit son dernier petit doigt dans sa belle peau neuve toute noire :

— Suis aussi l’avis de Baviaan. Il t’a parlé de taches.

— Oui, et je n’ai pas compris.

— Il voulait dire des taches sur ta peau, dit l’Éthiopien.

— À quoi ça sert ? dit le Léopard.

— Pense à Girafe, dit l’Éthiopien. Ou si tu aimes mieux les rayures, pense à Zèbre. Ils sont très contents, eux, de leurs raies et de leurs taches.