Page:Kipling - Histoires comme ça pour les petits, trad Humières et Fabulet, 1903.djvu/72

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Et ils arrivèrent à la rivière Wollgong.

Or, il n’y avait ni pont, ni bac, et Kangourou ne savait pas comment passer ; alors, il se mit debout sur les pattes de derrière et sauta.

Il fallait bien !

Il sauta comme un Kangourou. Un mètre d’abord, puis trois, puis cinq, tandis que ses pattes allongeaient et devenaient plus fortes. Il n’avait pas le temps de se reposer ni de boire, mais l’envie ne lui en manquait pas.

Toujours suivait Dingo — Dingo Chien Jaune — qui ne comprenait pas du tout et qui avait très faim, tout en se demandant ce qui, diable, pouvait faire sauter Petit Père Kangourou de la sorte. Car il sautait comme un criquet, comme un pois dans une poêle ou comme une balle neuve sur un plancher.

Il fallait bien !

Il troussa ses pattes de devant ; il sauta sur ses pattes de derrière ; il étendit sa queue toute droite en arrière pour former contrepoids et il sauta par-dessus les dunes du Darling et les déserts d’Australie.

Il fallait bien !

Toujours courait Dingo — Chien vanné Dingo — qui avait de plus en plus faim et comprenait de moins en moins, et se demandait quand, diable, Petit Père Kangourou aurait l’idée de s’arrêter.