Page:Kipling - Le Livre de la jungle, illustré par de Becque.djvu/171

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escalada un rocher nu et contempla les nurseries dispersées, les phoques meurtris et saignants.

— Maintenant, dit-il, je vous ai donné la leçon que vous méritiez.

— Par ma perruque, dit le vieux Sea Catch en se redressant avec raideur, car il était terriblement courbatu, Killer Whale ne les aurait pas plus mal arrangés. Fils, je suis fier de toi, et mieux, je viendrai, moi, à ton île — si elle existe.

— Écoutez, lourds pourceaux de la mer. Qui m’accompagne au tunnel de Sea Cow ? … Répondez, ou je recommence la leçon, rugit Kotick.

Il y eut un murmure, pareil au friselis de la marée, sur toute l’étendue des grèves.

— Nous viendrons, dirent des milliers de voix lasses. Nous suivrons Kotick, le Phoque Blanc.

Alors, Kotick enfonça sa tête entre ses épaules, et ferma les yeux, orgueilleusement. Ce n’était plus un phoque blanc, en ce moment, il était rouge de la tête à la queue. Malgré cela, il eût dédaigné de regarder ou de toucher une seule de ses blessures.

Une semaine plus tard, lui et son armée (environ pour le moment un millier de holluschickie et de vieux phoques) prirent le chemin du nord, vers le tunnel des Vaches Marines. Kotick les guidait. Et les phoques qui demeurèrent à Novastoshnah les traitèrent de fous. Mais, le printemps suivant, quand ils se trouvèrent tous parmi les bancs de pêche du Pacifique, les phoques de Kotick firent de tels récits des grèves d’au-delà le tunnel de Sea Cow, que des phoques