Page:Kipling - Le Livre de la jungle, illustré par de Becque.djvu/177

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Ceci est l’histoire de la grande guerre que Rikki-tikki-tavi livra tout seul dans les salles de bains du grand bungalow, au cantonnement de Segowlee. Darzee, l’oiseau-tailleur, l’aida et Chuchundra, le rat musqué, qui n’ose jamais marcher au milieu du plancher, mais se glisse toujours le long du mur, lui donna un avis ; mais Rikki-tikki fit la vraie besogne.

C’était une mangouste. Il rappelait assez un petit chat par la fourrure et la queue, mais plutôt une belette par la tête et les habitudes. Ses yeux étaient roses comme le bout de son nez affairé ; il pouvait se gratter partout où il lui plaisait, avec n’importe quelle patte de devant ou de derrière, à son choix ; il pouvait gonfler sa queue au point de la faire ressembler à un goupillon pour nettoyer les bouteilles, et son cri de guerre, lorsqu’il louvoyait à travers l’herbe longue, était : Rikk-tikk-tikki-tikki-tchk !

Un jour, les hautes eaux d’été l’entraînèrent hors du terrier où il vivait avec son père et sa mère, et l’emportèrent, battant des pattes et gloussant, le long d’un fossé qui bordait une route. Il trouva là une petite touffe d’herbe qui flottait, et s’y cramponna jusqu’à ce qu’il perdît le sentiment. Quand il revint à la vie, il gisait au chaud soleil, au milieu d’une allée de jardin, très mal en point, il est vrai, tandis qu’un petit garçon disait :

— Tiens, une mangouste morte. Faisons-lui un enterrement.