Page:Kipling - Le Livre de la jungle, illustré par de Becque.djvu/40

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pendant la nuit et nourrir la flamme avec des mottes noires ; et quand vint le matin, à l’heure où blanchit la brume froide, il vit l’enfant de l’homme prendre un pot d’osier garni de terre à l’intérieur, l’emplir de charbons rouges, l’enrouler dans sa couverture, et s’en aller garder les vaches.

— N’est-ce que cela ? dit Mowgli. Si un enfant peut le faire, je n’ai rien à craindre.

Il tourna le coin de la maison, rencontra le garçon nez à nez, lui arracha le feu des mains, et disparut dans le brouillard tandis que l’autre hurlait de frayeur.

— Ils sont tout pareils à moi ! dit Mowgli en soufflant sur le pot, comme il l’avait vu faire à la femme. Cette chose mourra si je ne lui donne rien à manger.

Et il jeta quelques brindilles et des morceaux d’écorce sèche sur la chose rouge. À moitié chemin de la colline, il rencontra Bagheera sur la fourrure duquel la rosée du matin brillait comme des pierres de lune.

— Akela a manqué son coup, dit la Panthère. Ils l’auraient tué la nuit dernière, mais ils te voulaient aussi. Ils t’ont cherché sur la colline.

— J’étais en terre de labour. Je suis prêt. Vois.

Mowgli lui tendit le pot plein de feu.

— Bien ! À présent j’ai vu les hommes jeter une branche sèche dans cette chose, et aussitôt la Fleur Rouge s’épanouissait au bout. Est-ce que tu n’as pas peur ?

— Non. Pourquoi aurais-je peur ? Je me rappelle maintenant — si ce n’est pas un rêve — qu’avant d’être un loup je me couchais près de la Fleur Rouge, et qu’il y faisait chaud et bon.