Page:Kipling - Le Livre de la jungle, illustré par de Becque.djvu/50

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chose de douloureux au fond de lui-même, quelque chose qu’il ne se rappelait pas avoir jamais senti jusqu’à ce jour ; il reprit haleine et sanglota, et les larmes coulèrent sur son visage.

— Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que c’est ? dit-il. Je n’ai pas envie de quitter la jungle, et je ne sais pas ce que j’ai. Vais-je mourir, Bagheera ?

— Non, Petit Frère. Ce sont seulement des larmes, comme il arrive aux hommes, dit Bagheera. Maintenant, je vois que tu es un homme, et non plus un petit d’homme. Oui, la jungle t’est bien fermée désormais. Laisse-les couler, Mowgli. Ce sont seulement des larmes.

Alors Mowgli s’assit, et pleura comme si son cœur dût se briser ; lui, qui n’avait jamais pleuré auparavant, de toute sa vie.

— À présent, dit-il, je vais aller vers les hommes. Mais d’abord il faut que je dise adieu à ma mère.

Et il se rendit à la caverne où elle habitait avec Père Loup, et il pleura dans sa fourrure, tandis que les autres petits hurlaient misérablement.

— Vous ne m’oublierez pas, dit Mowgli.

— Jamais, tant que nous pourrons suivre une piste ! dirent les petits. Viens au pied de la colline quand tu seras un homme, et nous te parlerons ; et nous viendrons dans les labours pour jouer avec toi la nuit.

— Reviens bientôt ! dit Père Loup. Ô sage petite grenouille ; reviens-nous bientôt, car nous sommes vieux, ta mère et moi.

— Reviens bientôt ! dit Mère Louve, mon petit tout