Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/118

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mousquet, s’assemblaient et fumaient là. Les singes bavardaient, perchés sur les branches supérieures, et il y avait sous la plateforme un trou où vivait un cobra, auquel on servait une petite jatte de lait, tous les soirs, parce qu’il était sacré ; et les vieillards, assis autour de l’arbre, causaient et aspiraient leurs gros houkas jusque très avant dans la nuit. Ils racontaient d’étonnantes histoires de dieux, d’hommes et de fantômes ; et Buldeo en racontait de plus étonnantes encore sur les habitudes des bêtes dans la jungle, jusqu’à faire sortir les yeux de la tête aux enfants, assis en dehors du cercle. La plupart des histoires concernaient des animaux, car, pour ces villageois, la jungle était toujours à leur porte. Le daim et le sanglier fouillaient leurs récoltes, et de temps en temps le tigre enlevait un homme, au crépuscule, en vue des portes du village.

Mowgli, qui, naturellement, connaissait un peu les choses dont ils parlaient, avait besoin de se cacher la figure pour qu’on ne le vît pas rire, tandis que Buldeo, son mousquet en travers des genoux, passait d’une histoire merveilleuse à une autre plus merveilleuse encore ; et les épaules de Mowgli en sursautaient.

Buldeo expliquait maintenant comment le tigre