Aller au contenu

Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mowgli se leva pour s’en aller.

— Toute la soirée, je suis resté là à écouter, jeta-t-il par dessus son épaule, et, sauf une ou deux fois, Buldeo n’a pas dit un mot de vrai sur la jungle, qui est à sa porte… Comment croire, alors, aux histoires de fantômes, de dieux et de lutins qu’il prétend avoir vus ?

— Il est grand temps que ce garçon aille garder les troupeaux ! — dit le chef du village, tandis que Buldeo soufflait et renâclait de colère, à l’impertinence de Mowgli.

Selon la coutume de la plupart des villages hindous, quelques jeunes pâtres emmenaient le bétail et les buffles de bonne heure, le matin, et les ramenaient à la nuit tombante ; et les mêmes bestiaux qui piétineraient à mort un homme blanc, se laissent battre, bousculer et ahurir par des enfants dont la tête arrive à peine à la hauteur de leur museau. Tant que les enfants restent avec les troupeaux, ils sont en sûreté, car le tigre lui-même n’ose charger le bétail en nombre ; mais s’ils s’écartent pour cueillir des fleurs ou courir après les lézards, il leur arrive d’être enlevés. Mowgli descendit la rue du village au point du jour, assis sur le dos de Rama, le grand taureau du troupeau ; et les buffles bleu