Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/126

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nous le tourner et trouver sa piste en arrière, de façon qu’ils puissent la sentir ?

— Il a descendu la Waingunga à la nage, de très loin en amont, pour couper la voie, dit Frère Gris.

— C’est Tabaqui, j’en suis sûr, qui lui aura donné l’idée ! Il n’aurait jamais inventé cela tout seul.

Mowgli se tenait pensif, un doigt dans la bouche :

— Le grand ravin de la Waingunga…, il débouche sur la plaine à moins d’un demi-mille d’ici. Je peux tourner à travers la jungle, mener le troupeau jusqu’à l’entrée du ravin, et alors, en redescendant, balayer tout… mais il s’échappera par l’autre bout. Il nous faut boucher cette issue. Frère Gris, peux-tu me rendre le service de couper le troupeau en deux ?

— Pas tout seul — peut-être… mais j’ai amené du renfort, quelqu’un de malin.

Frère Gris s’éloigna au trot, et se laissa tomber dans un trou. Alors, de ce trou se leva une énorme tête grise que Mowgli reconnut bien, et l’air chaud se remplit du cri le plus désolé de toute la jungle,… le hurlement de chasse d’un loup en plein midi.