Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/157

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travers l’eau, et le petit Kotick les suivit de toute sa vitesse.

— Comment savez-vous la route ? souffla-t-il.

Le chef de la bande roula son œil blanc et plongea :

— Ma queue m’élance, jeunesse, dit-il. C’est signe de grain derrière nous. Viens, viens ! Quand on est au sud de l’Eau Lourde (il voulait dire l’Équateur) et qu’on éprouve des élancements dans la queue, cela signifie qu’il y a un orage devant soi et qu’il faut gouverner nord. Viens, l’eau ne me dit rien de bon par ici.

Ce fut une des nombreuses choses qu’apprit Kotick, et, chaque jour, il en apprenait de nouvelles. Matkah lui enseigna à suivre la morue et le flétan, le long des bancs sous-marins ; à extirper les bêtes de rocher de leur trou parmi les goémons ; à longer les épaves par cent brasses de fond, enfilant un hublot, raide comme balle, pour sortir par un autre à la suite des poissons ; à danser sur le sommet des vagues, tandis que les éclairs se poursuivaient à travers le ciel, et à saluer poliment de la nageoire l’albatros à queue tronquée et la frégate, tandis qu’ils descendent le vent ; à sauter, trois ou quatre pieds hors de l’eau, comme un dauphin, nageoires au flanc et queue recourbée ; à laisser les