Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Un homme ! hargna-t-il. Un petit d’homme. Regarde !

En effet, devant lui, s’appuyant à une branche basse, se tenait un bébé brun tout nu, qui pouvait à peine marcher, le plus doux et potelé petit atome qui fût jamais venu, la nuit, à la caverne d’un loup. Il leva les yeux pour regarder père Loup en face et se mit à rire.

— Est-ce un petit d’homme ? dit mère Louve. Je n’en ai jamais vu. Apporte-le ici.

Un loup, accoutumé à transporter ses propres petits, peut très bien, s’il est nécessaire, prendre dans sa gueule un œuf sans le briser. Quoique les mâchoires de Père Loup se fussent refermées complètement sur le dos de l’enfant, pas une dent n’égratigna la peau lorsqu’il le déposa au milieu de ses petits.

— Qu’il est mignon ! Qu’il est nu !… Et qu’il est brave ! dit avec douceur Mère Louve.

Le bébé se poussait, entre les petits, contre la chaleur du flanc tiède.

— Ah ! Ah ! Il prend son repas avec les autres.… Ainsi, c’est un petit d’homme. A-t-il jamais existé une louve qui pût se vanter d’un petit d’homme parmi ses enfants ?