Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/212

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peu près des œufs de la poule de Bantam, mais avec des peaux blanchâtres en guise de coquilles.

— Je ne suis pas arrivé un jour trop tôt, dit-il.

Car il pouvait voir des jeunes cobras roulés dans l’intérieur de la peau, et il savait que, dès l’instant où ils éclosent, ils peuvent chacun tuer un homme non moins qu’une mangouste. Il détacha d’un coup de dent les bouts des œufs aussi vite qu’il pouvait, en prenant soin d’écraser les jeunes cobras, et en retournant de temps en temps la litière pour voir s’il n’en avait omis aucun. À la fin, il ne resta plus que trois œufs et Rikki-tikki commençait à rire dans sa barbe, quand il entendit la femme de Darzee crier à tue-tête :

— Rikki-tikki, j’ai conduit Nagaina du côté de la maison…, elle est entrée sous la véranda, et… oh ! venez vite… elle veut tuer !

Rikki-tikki écrasa deux œufs, redégringola de la melonnière avec le troisième œuf dans sa bouche, et se précipita vers la véranda aussi vite que ses pattes pouvaient le porter.

Teddy, sa mère et son père étaient là, devant leur déjeuner du matin. Mais Rikki-tikki vit qu’ils ne mangeaient rien. Ils se tenaient dans une immobilité de pierre, et leurs visages étaient blancs.