Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/217

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Toutefois, cet instant de répit amena Rikki-tikki sur elle, et comme elle plongeait dans le trou de rat où elle et Nag avaient coutume de vivre, les petites dents blanches de Rikki-tikki se refermèrent sur sa queue, et il entra derrière elle. — Or, très peu de mangoustes, quelles que soient leur sagesse et leur expérience, se soucieraient de suivre un cobra dans son trou. — Il faisait noir dans le trou ; et comment savoir s’il n’allait pas s’élargir et donner assez de place à Nagaina pour se retourner et frapper ! Il tint bon, avec rage, les pieds écartés pour faire office de freins sur la pente sombre du tiède et moite terreau. Puis, l’herbe, autour de la bouche du trou, cessa de s’agiter, et Darzee dit :

— C’en est fini de Rikki-tikki ! Il nous faut chanter son chant de mort… Le vaillant Rikki est mort !… Car Nagaina le tuera sûrement sous terre.

C’est pourquoi il entonna une chanson des plus lugubres, qu’il improvisa sous le coup de l’émotion. Et, comme il arrivait précisément à l’endroit le plus touchant, l’herbe frémit de nouveau, et Rikki-tikki, couvert de terre, se traîna hors du trou, une jambe après l’autre, en se léchant les