Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/228

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de barrissements (c’était à la nuit close en général, et la lumière vacillante des torches rendait difficile de juger les distances) : il choisissait dans toute la bande le plus farouche des porte-défenses, et le martelait et le bousculait jusqu’à le réduire au calme, tandis que les hommes, montés sur le dos des autres éléphants, jetaient des nœuds coulants aux plus petits et les attachaient. Il n’y avait rien, dans l’art de combattre, que Kala Nag, le vieux et sage Serpent Noir, ne connût : il avait plus d’une fois, dans son temps, soutenu la charge du tigre blessé, et, sa trompe charnue soigneusement roulée pour éviter les accidents, il avait frappé de côté dans l’air, d’un rapide mouvement de tête en coup de faulx, la brute bondissante — un coup de sa propre invention, l’avait terrassée, et, agenouillé sur elle de tout le poids de ses genoux énormes, il en avait exprimé la vie avec un râle et un hurlement ; alors, il ne restait plus sur le sol qu’une loque rayée, ébouriffée, qu’il tirait par la queue.

— Oui ! disait Grand Toomai, son cornac, — le fils de Toomai le Noir qui l’avait emmené en Abyssinie, et le petit-fils de Toomai des Éléphants qui l’avait vu prendre, — il n’y a rien au monde que craigne le Serpent Noir, excepté moi. Il a vu trois