Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bête, des pieux solides pour les amarrer en sûreté, et de larges routes unies pour les exercer au lieu de ce va-et-vient toujours en camp volant… Ah ! les casernes de Cawnpore avaient du bon. Il y avait tout près un bazar, et seulement trois heures de travail par jour.

Petit Toomai se rappela les lignes à éléphants de Cawnpore et ne dit rien. Il préférait de beaucoup la vie de camp, et détestait ces larges routes unies, les distributions quotidiennes de foin au magasin à fourrage, et les longues heures où il n’y avait rien à faire qu’à surveiller Kala Nag s’agitant sur place dans ses piquets. Ce qu’aimait Petit Toomai, c’était l’escalade par les chemins enchevêtrés que seul un éléphant peut prendre, et puis le plongeon dans la vallée, la brève apparition des éléphants sauvages pâturant à des milles au loin, la fuite du sanglier et du paon effrayés sous les pieds de Kala Nag, les chaudes pluies aveuglantes, quand toutes les collines et les vallées fumaient, les beaux matins pleins de brouillard, quand personne ne savait où l’on camperait le soir, la poursuite patiente et minutieuse des éléphants sauvages, et la course folle, les flammes et le tohu-bohu de la dernière nuit, quand ils venaient se précipiter en torrent à l’inté-