Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/239

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ce grand chaume de cheveux. Le moment venu, tu peux devenir un chasseur aussi.

Grand Toomai fronça les sourcils plus fort que jamais.

— Rappelle-toi, cependant, que les keddahs ne sont pas des endroits où doivent jouer les enfants ! ajouta Petersen Sahib.

— Est-ce qu’il faudra n’y jamais aller, Sahib ? demanda Petit Toomai avec un gros soupir.

— Si ! — répondit en souriant de nouveau Petersen Sahib. — Quand tu auras vu les éléphants danser !… Ce sera le moment… Viens me trouver quand tu auras vu danser les éléphants, et alors je te laisserai entrer dans tous les keddahs.

Il y eut une autre explosion de rires, car la plaisanterie est vieille parmi les chasseurs d’éléphants : c’est une façon de dire jamais. Il y a, cachées au loin dans les forêts, de grandes clairières unies que l’on appelle les « salles de bal des éléphants », mais on ne les découvre que par hasard, et nul homme n’a jamais vu les éléphants danser. Lorsqu’un chasseur se vante de son adresse et de sa bravoure, les autres lui disent :

— Et quand est-ce que tu as vu les éléphants danser ?