— Kala Nag ! Kala Nag ! Prends-moi avec toi, ô Kala Nag !
L’éléphant se retourna, sans bruit, revint de trois pas en arrière, abaissa sa trompe, enleva l’enfant sur son cou, et, avant que Petit Toomai eût seulement fixé ses genoux, il se glissait dans la forêt.
Il vint des lignes une fanfare de furieux barrissements ; puis, le silence se referma sur toutes choses, et Kala Nag se mit en marche. Quelquefois une touffe de hautes herbes balayait ses flancs tout du long comme une vague balaye les flancs d’un navire, et quelquefois un bouquet pendant de poivriers sauvages grattait son dos d’un bout à l’autre, ou bien un bambou craquait au frôlement de son épaule ; mais, entre temps, il se mouvait sans aucun bruit, dérivant à travers l’épaisse forêt de Garo comme à travers une fumée. Il suivait une route montante, mais, bien que Petit Toomai guettât les étoiles par les éclaircies des arbres, il n’eût pu dire dans quelle direction. Enfin Kala Nag atteignit la crête et s’arrêta une minute, et Petit Toomai put voir les cimes des arbres, comme une fourrure tachetée qui s’étendait sous le clair de lune à des milles et des milles, et le brouillard d’un blanc bleuâtre, sur la rivière, dans le fond. Toomai se