Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/251

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l’encre. Petit Toomai regardait en retenant sa respiration, les yeux presque hors de la tête ; et, tandis qu’il regardait, des éléphants toujours plus nombreux sortaient d’entre les troncs d’arbres, en se balançant, pour entrer dans l’espace ouvert. Petit Toomai ne savait compter que jusqu’à dix ; il compta et recompta sur ses doigts, jusqu’à ce qu’il perdît son compte de dizaines, et la tête commença de lui tourner. En dehors de la clairière, il pouvait entendre le fracas des éléphants dans la brousse, comme ils se frayaient un chemin vers le sommet de la montagne ; mais, aussitôt arrivés dans le cercle des troncs d’arbres, ils se mouvaient comme des fantômes.

Il y avait là des mâles sauvages aux défenses blanches, avec des feuilles mortes, des noix et des branchettes restées dans les plis de leurs cous et de leurs oreilles ; de grasses femelles nonchalantes avec leurs petits éléphants d’un noir rosé, hauts de trois ou quatre pieds à peine, qui ne pouvaient rester en place et couraient sous leurs mamelles ; de jeunes éléphants dont les défenses commençaient juste à pointer, et qui s’en montraient tout fiers ; de flasques et maigres femelles, restées vieilles filles, avec leurs inquiètes faces creuses et des trompes